====== Brief: L.A. Mafia ======

Cette note s'essaie à réaliser une synthèse de l'état des lieux du crime organisé lié à la « mafia » californienne. La notion même de mafia est un concept aux contours flous et cette initiative semble donc perdue d'avance. Toute tentative de cet acabit se heurte inévitablement à la difficulté de catégoriser des organisations criminelles, qui plus est par une supposée affiliation à des groupes ethniques dont les origines se sont diffusée au travers de plusieurs générations. À la connaissance de l'auteur, cette synthèse est toutefois la première initiative du genre en Californie indépendante. Compte-tenu de l'importance du sujet et de la prévalence de la criminalité organisée dans l'État, il nous est apparu comme nécessaire de dresser le portrait des principales organisations mafieuses d'aspiration « italienne », en particulier suite aux importantes transformations que celles-ci ont mis en place afin de légitimer leurs activités.

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  * Nombre de pages : 346
  * Auteur : détective (III) [[pnj:vinny_bonacelli|Vinny « Omerta » Bonacelli]], COPS018
  * Parution : 30 septembre 2029
  * Confidentialité : diffusion restreinte.

====== Une brève histoire de la mafia californienne ======

Le crime organisé italo-américain est arrivé tardivement en Californie. Les raisons en sont multiples. Tout d'abord, l'essentiel de l'immigration européenne de la fin du 19e siècle et début du 20e siècle est arrivée sur la côte Est, dans les États de New York et du New Jersey. Une criminalité mafieuse les a accompagné avec les mêmes pratiques qu'en Italie : extorsion, vol, trafic d'influence. En contraste, la Californie est peu touchée par cette criminalité italienne. La « Main Noire » se contente d'opérer par enlèvement contre rançon et ne se fait remarquer qu'occasionnellement. L'arrivée du fascisme au pouvoir en Italie dans les années 20 déclenche cependant une exode de la mafia sicilienne, particulièrement visée par la répression. Combinée à la Prohibition, cette immigration s'est insérée dans la société américaine en se spécialisant dans la contrebande, puis dans le racket, le jeu et la prostitution. C'est à cette période que la //Los Angeles Mafia// se développe sous la houlette de Jack Dragna, qui la structure à l'image de la //Cosa Nostra// sicilienne.

Bien qu'indépendante, la L.A. Mafia a des liens étroits avec les cinq familles new yorkaises et partage avec elles fournisseurs, contacts et services. Jusqu'au dans les années 50, le LAPD ferme les yeux sur les agissements du crime organisé, perçu comme un moindre mal par rapport à la délinquance des gangs, plus chaotique. L'arrivée du Chef of Police Parker entame une lutte contre la L.A. Mafia qui perdure jusqu'à ce jour.

La mort en 2012 du //capo di capo// Peter Milano à 86 ans provoque une fracture chez la L.A. Mafia. Au milieu des années 2010, Tommaso "Tommy" Gambino épouse Hatsumi Tamura, une ressortissante japonaise établie à Los Angeles. Tamura est à la tête du Suzumebashi, une organisation yakuza qui commence seulement à s'établir en Californie. Sous les conseils de sa femme, Gambino entame un chantier de refondation de la L.A. mafia. En effet, les lois anti-gangs du Japon ont fortement abîmé la puissance des clans Yakuza dans leur pays. Le capo perçoit que les nouvelles législations californiennes risquent de faire subir à son organisation le même sort. La L.A. Mafia entame donc une longue démarche de légitimation de ses activités.

Gambino décède en 2018 et Tamura, condamnée par contumace pour trafic d'influence en 2019, fuit au Japon. La L.A. Mafia réunit sa « commission » des chefs de famille, appelée la coupole. Une scission se forme entre deux obédiences.

D'une part, les familles Castaglione, Falcone et Luccio, bien installées, choisissent la voie de la respectabilité : fin des trafics, passage au //soft power// politique et social. D'autre part, les familles plus petites (Scampi, Bonani, Santuci, Leggio et Gambino) refusent de renoncer à leurs activités criminelles, seules sources de profits car ne disposant pas de l'échafaudage économique de leurs cousins. Probablement suite à des menaces, la famille Gambino finit néanmoins par changer d'avis. La coupole passe un décret imposant que chaque famille obtienne plus de 50% de ses revenus de sources légales sous cinq ans. La surveillance de la mise en application de ce décret, comme de toutes les autres décisions de la coupole, est la responsabilité du //capo di tutti capi// Armand Castaglione Senior.

Depuis 2025, les investigations à l'encontre de la L.A. Mafia ont quasiment toutes disparu. La très grande majorité des activités des familles affiliées à la coupole sont légales, ou du moins difficiles à investiguer. La criminalité « de rue » a presque intégralement disparu.

===== Structure actuelle =====

La L.A. Mafia est structurée en deux entités bien distinctes. 

==== Les vieilles familles ====

Les //Old Ones//, les vieilles familles ou « coupolistes », sont les petits-enfants des gangsters du passé. Si leur empire s'est construit à coups de calibre, il s'agit maintenant de diplômés d'école supérieures de commerce, de droit et d'administration. Ce sont des PDG de supermarchés, de société immobilières, des traders, des avocats d'affaires et des investisseurs. Leurs activités ne sont pas répréhensibles en surface. La criminalité des //Old Ones// est de col blanc : collusions sur les prix, trafic d'influence, corruption de fonctionnaire, manipulation d'élections syndicales… Les activités illicites qui attireraient une mauvaise publicité (drogue, prostitution, vol) ont purement et simplement disparues. Les meurtres sont une exception en dernier recours : entre 2020 et 2029, le LAPD n'a recensé qu'un unique homicide soupçonné d'être lié aux //Old Ones//. Il est par ailleurs notable que plusieurs représentants des familles coupolistes occupent désormais des mandats électifs dans le comté de Los Angeles.

Cependant il serait faux de penser que les familles coupolistes sont alliées. La rivalité dans le domaine du BTP entre les Castaglione et les Falcone demeure une source de conflit, qui se passe désormais dans les couloirs des cabinets d'arbitrage économique plutôt que dans la rue. L'arrivée de la famille Boretti en 2024 sur invitation des familles Luccio et Falcone est par ailleurs un élément à surveiller. Il n'est pas interdit de croire que Joseph Falcone se soit cherché de nouveaux alliés à l'Est pour lutter contre l'influence grandissante des Castaglione dans la politique angelinos.

On estime que les coupolistes regroupent environ 240 hommes et femmes d'honneur en Californie (hors Hawaï et Nevada), pour environ un millier de personnes impliquées dans le système. Un recensement préliminaire de la brigade financière estime à plus de 120 le nombre d'entreprises aux mains d'une ou plusieurs holdings de la coupole… sans compter celles où l'organisation est actionnaire minoritaire.

==== Les équipiers ====

Les équipiers sont les anciennes « petites mains » des familles mafieuses. En grande majorité, il s'agit de mafieux sur le modèle des gangsters de Chicago. Très peu d'entre eux sont des « hommes d'honneur » (//made men//) de la L.A. Mafia. Ces groupes sont une fédération d'équipes autonomes réunies sous la bannière de //The Outfit//. Leur boss, Louis Giardella, est leur représentant à la coupole. Les relations entre les //Old Ones// et //The Outfit// vivotent : les coupolistes peuvent faire appel à leurs ex-équipiers quand un passage par l'illégalité est nécessaire, mais ces liens sont ponctuels. De manière générale, //The Outfit// périclite depuis plus d'une décennie, repoussé petit à petit par les gangs ethniques (triades dans Downtown, Organistivya sur les docks, cartels hispaniques dans Alhambra). En résumé, il s'agit des familles plus petites qui n'ont pas eu les moyens d'évoluer au même rythme que les //Old Ones//, ni de diversifier leurs activités.

Les équipiers sont environ deux cents mais ce nombre est en chute libre (on estimait que les équipiers étaient plus de 2500 à la fin du 20e siècle).

==== Les néo-corléonais ====

Une nouvelle faction mafieuse semble s'être installée dans Little Italy depuis quelques années, surfant sur la désillusion des équipiers de The Outfit. Ultra-nationalistes, ces gangsters ont remis en place l'essentiel du décorum sicilien : //uomo d'onore//, mystique catholico-rustique, rituels d'initiation. Les néo-corléonais copient la //Cosa Nostra// et semblent s'imaginer être l'essence de la mafia originelle. Leurs effectifs sont difficiles à estimer : environ une centaine d'après l'ORGDIV. Leur capo semble être //Pietro Genovese// mais il n'existe presque aucune information à son sujet dans les bases de données du LAPD.


===== Composition de la coupole =====

Composition supposée de la « commission » en 2029 :
  * William Bonani (famille Bonani)
  * Edward Boretti* (famille Luccio)
  * Giovanna Castaglione* (famille Castaglione)
  * Jimmy Granbino* (famille Gambino)
  * Joseph Falcone* (famille Falcone)
  * Harrison Gallo (famille Leggio)
  * Louis Giardella* (The Outfit)
  * Georgina Santuci (famille Santuci)

* familles de Los Angeles